mardi 15 mai 2007

Conclusion : Le souci de soi et soin du monde

Le souci de soi le soin du monde


Notre situation planétaire de risque nous permet certainement d’ajuster de façon fertile tous les cadres conceptuels qui nous été légués, comme celui de Heidegger. Par exemple dans le changement de paradigme que nous sommes, nous les humains, en train d'opérer, tout revient aux choses dans leur Ensemble - à ce que nous appelons nature ou à ce que Heidegger appelle l'"étant". Peu importe, c'est le fait que ce soit un ensemble qui compte sur un plan où nous nous mettons à exister, avec conscience. Cet ensemble nous échappe, nous ne pouvons l’apprendre qu’en allant chercher l’acte - qui situe forcément la nature dans la création, mais une co-création. Dans la "poeisis" heideggérienne c'est ce "co" qui m'a paru faire défaut dans son analyse de la technique. Ce "co" qui donnerait une autre dynamique à la phrase de Holderlin, avec le danger grandit ce qui sauve. En premier lieu pour ce qui concerne les facteurs de co-réaction des paramètres du danger, climatiques, économiques et sociaux, l'effet boule de neige. Mais simultanément pour le facteur de co-action de l'acte en réponse à cette situation (co-action incluant toutes formes de vie avec lesquelles nous composons).

C'est cette solidarité dans cette double dimension que nous devons tenir ensemble si nous voulons que l'acte ait lieu comme réponse à ce que Heidegger nomme le déchaînement du commettre. La science ne pense pas nous dit-il. Sauf à ce quelle devienne à son tour cet acte en face du développement productiviste de la technologie et en réponse à l'Ensemble qui est notre horizon et dont la réalité se dégage aujourd'hui de l'insurrection des choses et des phénomènes naturels. Une science qui serait délivrée de tout arraisonnement productiviste, et mise au service d'une technique du soin de L'Ensemble. Une science qui chercherait l'émulation interdisciplinaire plutôt que la compétition. Il faudrait un nom pour ça. Ce que nous sommes réside dans ce mouvement d’aller chercher l’acte, de le solliciter - dans l’attention aux choses, aux personnes et à soi-même.


Alain ARNAUD

Références :
Les actes du colloque consacré à Heidegger sur cette question :
Heidegger. Le danger et la promesse, sous la direction de Gérard Bensussan et de Joseph Cohen, Paris, Kimé, 2006 (32 euros)
la déconstruction heideggerienne conférence accessible de Jacques Taminiaux 52 mn.
Sur les conséquences de l'axe contemplatif (que j'appelle méditation dans mon commentaire) de la pensée de Heidegger (je n'en ai pris connaissance qu'après la rédaction de ma discussion ci-dessus). Cette conférence porte surtout sur le discours du rectorat de Heidegger. Et non pas sur ses productions ultérieures et donc sa conférence la question de la technique. De façon philosophique et savante certains motifs de Taminiaux recoupent ma présente critique qui concerne les rapports de la pensée à l'action. Ce qui en confirme l'intuition - en quoi il ne faut pas se laisser impressionner par des développements sophistiqués et plutôt se laisser conduire par sa propre inspiration.

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