jeudi 26 mai 2022

Veille médiatique de transition 2022 : résilience du territoire

Argument général de ce blog

Après notre analyse du déni climatique (celui des activités humaines)  de 2008, au travers de l'émission Terre à Terre de Ruth Stégassi sur F.C. sur le thèmes des risques; Après notre veille médiatique de la crise Covid de 2020;  Nous reprenons notre veille médiatique et son analyse cette fois sur la question de la transition dans un contexte d'inflation et de crise Ukrainienne. Trois crises sur une quinzaine d'années dont la dimension politique et le déficit démocratique sont l'une des clefs. Leur pluralité peut être appréhendée dans une dimension systémique  selon les deux pôles d'un arc :  à partir d'une planification d'un côté aux niveaux, national européen et supranational, de l'autre à partir des territoires, des habitants, de leur richesses, leur singularité, leur capacité à se saisir du sujet.  Il y a un consensus sur ce dernier aspect qui ne s'incarne pas de façon unitaire, ni explicite. Les notions de communs, de coopération sociale cherchent encore ses marques.

Les 3 périodes : 

- En 2008 le corpus du déni climatique est sur une seule émission. Notre analyse est globale et philosophique.

- En 2020 de la crise du Covid le corpus est très large et vaste.

- En  2022 nous reprenons notre veille médiatique sur un axe de transition en l'articulant cette fois sur le territoire :  une recherche-action dans un quartier populaire ( La Bottière Pin sec à Nantes) -  menée dans le cadre d'un projet citoyen en coconstruction avec la ville de Nantes, un tiers de transition (Beau Tiers Lieu).  Ce projet est soutenu par l'Etat, la ville, La fondation de France et l'association Beau-tiers-lieu, des habitants, des citoyens, des porteurs de projets. Plus d'infos sur ce site  Contact : alain.arnaud@beautierslieu.fr.

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2022 Résilience et territoire 

(en temps de guerre, de fatigue démocratique et de défit climatique)



 "Planification, du gros mot au mot d'ordre"France Culture Les Matins 26 05 2022 ( 1h environ)  Avec Eloi Laurent interrogé par Guillaume Erner. Un discours réfléchissant, très critique de la planification écologique vue à l'aune des critères et de la logique du monde ancien. Avec déconstruction de ses mythes. (la croissance, le plein emploi), et recherche de nouveaux indicateurs prenant la santé et le bien-être en référence (celui du biotope et de ses populations. Propose une territorialisation (et une démocratisation dans une dimension citoyenne) de la planification écologique, au lieu de son centralisme jacobin). On ne peut pas dire mieux que c'est ce que nous proposons sur la Bottière. Avec une petite différence d'approche et d'analyse : c'est qu'oppposer "les petits gestes" et les travaux généraux nécessaires n'a pas pour nous de sens. La démocratisation doit se faire sur toutes les échelles. L'une des composantes de l'analyse d'Eloi Laurent c'est que le facteur de classes sociales est mis entre parenthèse dans la vision économiciste de la transition écologique (de Bercy). 

Résumé partiel de l'entretien :

L'origine de l'expression la planification écologique est de Jean-Luc Mélenchon il y a 10 ans L'empreinte écologique ne doit pas dépasser la biocapacité de la planète;  L' insoutenabilité dénoncée par le Giec, ca c'est la règle et la contrainte. De l'autre côté Il y a  nécessité de repartir des besoins fondamentaux humains et non des préférences. Au  chapitre 5 du dernier rapport du Giec il y a un volet social dans lequel est définit le terme de satiété (traduit en français par sobriété).  L'enjeu est donc de  satisfaire un minimum de besoins décents dans la limite des contraintes de la biosphère. Non selon une problématique de la préférence.Les besoins minimums ne sont pas subjectifs et on peut les satisfaire dans une certaines limité  Eloi Laurent fait référence à la satiété plus que la sobriété et à la "médiété : d'Aristote faire se rencontrer des contraires moraux sur un point de limite. L'objectif est de passer d'un système de trop pour certains à un système d'assez pour tous. Le capitalisme est définit par Martin Luther King dans le fait de prendre l'essentiel aux masses pour donner le superflu aux classes. Il est nécessaire maintenant d'intégrer la contrainte environnementale et d’inverser la formule . 

La question écologique est articulé à la justice et la coopération sociale. Il ne s'agit donc pas d'une question d'efficacité et de croissance verte selon la politique du gouvernement. Le système économique actuel présenté comme rationnel est profondément irrationnel selon Eloi Laurent. Selon le Giec la seule modalité soutenable est de passer d'une économie mortifère prouvée statistiquement avec le Covid et la mortalité environnementale à une économie basée sur le bien-être humain et qui réduit massivement les inégalités sociale" Élémentaire... !". 

15' :  A l’argument d'Erner selon lequel une approche coopérative de la planification et de la transition écologique se heurterait aux contraintes sociales, à des mesures et une politique autoritaires, Laurent dit que justement c'est parce que les société sont déjà contraintes (par l'approche productiviste et libérale de l'économie, que nous sommes d'une part dans l’incapacité de rentrer dans une transition et d'une réelle socialisation et égalisation des conditions. "les inégalités sociales que l'on constate aujourd'hui émanent de la non-transition pas de la transition". La crise des inégalités sociales et la crise écologique sont imbriquées et sont les deux conséquences du système économique actuel.

Aristote s'il définit de façon l'économie selon ce qui satisfait les besoins ignore la question de la justice sociale. Dans la théorie économique avec Ricardo au début du 19ème siècle l'économie est encastrée. dans la biosphère et ses limites contrairement à Jean-Baptiste pour qui on a pas à ce soucier de ces limites, la nature étant généreuse on peut y puiser de façon illimitée. A partir de là on construit un raisonnement économique "hors sol". Le point aveugle c'est la question de la réduction des inégalité et celle d’organiser la coopération sociale pour être capable de vivre dans les limites de la planète.

23'  Eloi Laurent souligne que la discipline économique est en retard de toutes les autres disciplines sur la question de la prise en compte de la biosphère et de la nécessaire implication sociale qu'elle exigerait. (Contrairement à la totalité des sciences dures, et des autres sciences sociales). de la sorte que les responsables politique opposent l’argument économique à la transition écologique. C'est un non sens et une posture dominante qui fait effet dans le monde des économistes. "comme si l'économie était devenue le contre-discours de la transition écologique". Il n'y a pas de choix libre. On ne peut opposer les petits gestes contre les choix structurant dés lors que le système ne laisse pas de marge, qu'il n'y pas d'alternative et qu'il contraint aux déséquilibres environnementaux et sociaux. en conclusion pour Laurent Eloi "tout ce qui est devant nous ce sont de grands choix structurels et collectifs".

32 "la transition énergétique c'est inventer de nouveau mode de coopération au niveau territorial". Le modèle jacobin centralisateur, bonapartiste, qui fait de Bercy et de l'économie le vecteur principal de la transition s'oppose au modèle allemand d'une transition par les territoires. Et fait que la France contrairement à l'Allemagne et d'autres pays n'est pas encore entrée dans la transition. 

35' les mythologies : le travail, le productivisme. Ce alors que le bien-être et la pleine santé sont de nouveaux indicateurs qui permettraient d'encastrer l'économie dans la biosphère.  Autre mythologie le taux de chômage comme indicateur plutôt que le sens du travail dans ce contexte de la prise en compte de la biosphère.

 46' La tripartition des 3 blogs politiques : Le libéralisme, la social xénophobie, la social écologique. Autre mythologie "le pouvoir d'achat" qui place les citoyens en posture d'acheteur et de soumis aux contraintes du système libéral. Alors qu'il faudrait parler de pouvoir de vivre.

50' l'économie du bien être.

Commentaire : 

Chercher de la résilience dans les quartiers populaire ne veut nullement dire que la transition sur le territoire aurait pour fer de lance les pollutions avec des faibles ressources culturelles économiques, etc. Au contraire cette résilience citoyenne et démocratique doit être l'affaire de toutes les classes. Mais là où il nous semble qu'il faille y avoir plus d'attention c'est de celles qui subissent les crises aux avant-postes. Qui en sont les plus démunies, désarmées, de culture et de nature pourrait-on dire. C'est à cette endroit plus qu'ailleurs que l’expérimentation de la satiété (La sobriété heureuse selon le Giec ou Eloi Laurent a le plus de sens). Là où les maillons sont les plus faibles il est nécessaire de faire se lever une puissance d'agir, une nouvelle démocratie ou citoyenneté et un nouvel imaginaire. Vu la politique d'arrière garde des classes dirigeantes actuelles  nous constatons la pauvreté de leur imaginaire. Cette pauvreté ruissèle sur les classes inférieures de façon désolante. Le mythe du travail et de la productivité, de la relance économique aux premiers chefs que l'on nous ressert depuis le premier choc pétrolier des années 70  !

Mon différent est sur la notion de "besoins". Le sujet de l'entretien est la planification écologique. A partir de là l'expression des besoins n'est plus dite à partir de ceux et celles qui les éprouvent directement, mais comme des données objectives et minimales. Contre les positions libérales d'Hayek par exemple, ou contre le fait que les petits gestes ne sont pas la solution, ou l'idée correspondante que les individus seraient libres auraient le choix et que les besoins s'exprimeraient selon des préférences.  La coopération territoriale est vue forcément d'avion et place une fois de plus les administrés des collectivités, en situation de soumission. Ce alors que les prémisses théorique d'Eloi Laurent poussent à la réduction des inégalités. La démocratie invoquée sous-jacente à son discours est celle de la communauté des chercheurs. La citoyenneté fait ainsi selon moi l'impasse de la pluralité des masses sociales ("des gens " dirait Mélenchon). Il y a une fois de plus une délégation du sujet en question. En aucun cas la planification peut faire l'impasse d'une démocratisation du sujet. Ce que  Eloi Laurent n'aborde pas.  Alain ARNAUD


 

Livre d'Eloi Laurent en référence  

 "La raison économique et ses monstres" Nos mythologies économiques vol.3 les liens qui libère 2022, 12 euros    4ème de couverture : La raison économique gouverne comme jamais notre débat public, mais elle n’a rien de réaliste : nos systèmes économiques aggravent d’une main les chocs écologiques et de l’autre affaiblissent les institutions sociales qui pourraient nous en protéger.

 


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