lundi 30 mars 2020

Le paradoxe du "Commun" , qui va rallumer la lumière?



Suite aux rubrique La Transition d'Hervé Gardette,

Celle du 29 avril sur le thème   Un pour tous et chacun pour soi  la question morale du rapport de chacun à l'interêt collectif ; 
Et celle du 1er Mai :   Les leçons du Petit Âge glaciaire   dont la chute est la suivante : où sont les ‘’pionniers intellectuels’’ capables de penser le monde autrement ? Qui va rallumer les lumières ? 

Nous apportons cette réponse :

1- Réponse à  la question morale du rapport de chacun à l’intérêt collectif: Le paradoxe du commun

Les bons qui respecteraient les règles du bien général et les méchants qui y dérogeraient - ceux dont parle plus bas Hervé Gardette - seraient plutôt deux tendances - non seulement sociales mais tout aussi bien logiques. Elles superposeraient à la relativité générale des règles sociales, une mécanique ondulatoire de son respect. 

Si le "en même temps" serait impossible parce qu’on le sait énoncé sur un seul bord par celui qui impose la règle, la règle n'en est pas moins partagée, parce qu'elle repose en son essence sur la face commune du destin. C'est un paradoxe, que personne ne soit plus garant du bien commun qu'un-e autre. Et c'est ce qui est chouette ce faisant que chacun-e joue sa partition de ramasser le nombre en un seul chiffre. Mais c'est toujours à un énoncé plus un énoncé que nous revenons. Et l’important c’est qu’il soit rassemblé dans la chaîne - et pourtant nouveau comme un pas de côté, c'est aussi bien un pas de danse, si vous veniez au printemps organisé par des voisins tous les samedis avec respect des distanciations. Et moi déroge tous les soirs à la règle, je n'en paye pas moins son obole annuelle à Wikipedia - dont parle Gardette plus bas).

Christian de Perthuis dans son dernier article d’hier dans AOC, tient les deux bouts : c’’est possible, oui mais ce n’est pas possible dit-il comme vous (mais il ose ramener cependant entre temps l’augmentation de température à 1,5 degré C°, ça je l’ai trouvé extraordinaire). Merci pour la mise en garde je vais y réfléchir en relisant le paradoxe des trois prisonniers, si jamais on y comprenait quelque chose de pourquoi on attend toujours que ce soit l'autre qui commence pour faire chaîne, Merci pour la référence à la référence à Mancur Olson. 

Pour comparer peut-être son paradoxe avec celui de Lacan : 'le temps Logique" dans Ecrits. in extenso ici : http://espace.freud.pagespro-orange.fr/.../templogi.htm Si ces références peuvent éclairer un objet commun. "le dilemme du prisonnier" de Tucker est la référence commune de Olson et Lacan. (voir ma note en bas de page)


2- Réponse à "Qui va rallumer la lumière?"

1/05/2020  Les leçons du Petit Âge glaciaire   la chute de la rubrique d'Hervé Gardette qui décidément nous inspire. : où sont les ‘’pionniers intellectuels’’ capables de penser le monde autrement ? Qui va rallumer les lumières ? à laquelle nous apportons cette réponse :

Toujours, la bonne question ; celle que se pose tout le monde ou question à cent balles ? que j'ai envie de rapprocher de la rubrique de la danse où on se fait du souci sur le monde d'après parce l'esprit d'équipe n'y serait pas. Il me semble que nous sommes dans une époque post-messianique, post-élites y compris intellectuelles - ce qui n'empêche ni le travail, ni les propositions, ni les contributions. C'est peut-être ça l'émergence du nouveau dans le monde. Avant il avait les paroles d'un côté, les actes de l'autre, quand on essayait de les rapprocher cela donnait des errements et des totalitarismes. J'ai bien aimé la défiance de Rosa Luxembourg à l'égard des leaders révolutionnaires russes. Depuis que je-tu-il-elle-nous-vous-ils elles, auscultent la crise, on constate un vertige des paroles et écrits. Mais de l'autre il y a aussi des actes, des pratiques, des renouvellements d'approches. La question me parait plutôt à rapprocher les deux qu'à les disjoindre. Penser le monde autrement c'est forcément collectif, pris dans le même type de paradoxe que celui d'Olson Macur. Les lumières ne peuvent pas nous advenir que d'une caste. Je plaide pour participation collective à la lumière qui ne soit ni celle d'une démocratie nivelant par le bas ni par le haut.
Nous sommes dans une sidération, nous l'avons toujours été, "arraisonné" pour le dire comme un vieux penseur conspué. Une sidération qui nous empêche de dérouler la ligne qui serait générale d'un plan de campagne "idéologique". Mais justement évènement incroyable, de l'arrêt de la frénésie sourd une machine abstraite. pas encore figurale, il y faut un peu de temps. Celui pour qu'elle se déploie. 





Le texte de l'émission de Gardette ci-dessous ou bien en replay ici (3mn37).
 Un pour tous et chacun pour soi

J’aimerais revenir ce matin sur cette vidéo qui a circulé dimanche dernier, sur laquelle on aperçoit quelques Parisiens, une vingtaine à peu près, en train de se dandiner sur un air de Dalida, ‘’Laissez-moi danser’’. Au premier plan, un couple improvise un rock furtif, façon fac de droit.
Comme beaucoup, j’ai commencé par ne pas y croire. Une telle scène, en pleine rue, en plein jour, en ce moment : impossible ! Il a pourtant fallu se rendre à l’évidence : l’impossible n’existe pas dans le 18e arrondissement.
A vrai dire, ces quelques pas de danse n’étaient pas bien méchants. Ils n’auront duré qu’une grosse poignée de secondes, un bref exutoire avant que la maréchaussée intervienne. Mais cette scène avait quelque chose de choquant, de révoltant même, comme un doigt d’honneur adressé à toutes celles et ceux qui respectent scrupuleusement le confinement.
Il semblerait que ces entorses assumées aux règles de la distanciation sociale soient de plus en plus nombreuses, et pas seulement à Paris ni dans les grandes villes. Les témoignages se multiplient à propos de ces récalcitrants, qui refusent de sacrifier leur confort individuel à l’intérêt collectif (le confort étant ici souvent synonyme d’apéro). Je vous engage à ce sujet à écouter les Pieds sur terre de vendredi dernier.
Cette forme d’égoïsme, qui consiste à privilégier son seul bien-être tout en profitant des efforts produits par le plus grand nombre, renvoie à un phénomène bien connu des économistes : celui du passager clandestin, souvent évoqué dans les sujets liés à l’environnement, et théorisé par l’Américain Mancur Olson dans son livre ‘’Logique de l’action collective’’.
La théorie du passager clandestin va à l’encontre de l’idée, exagérément optimiste, que si tout le monde dans un groupe a des intérêts en commun, alors chacun va agir pour les atteindre. L’être humain est ainsi fait que ça ne se passe pas toujours comme ça. Et cette règle se vérifie quelle que soit la taille du groupe.
Prenez par exemple les questions liées aux émissions de gaz à effet de serre. L’intérêt collectif, à l’échelle mondiale, c’est de les réduire. Mais certains pays diffèrent leurs efforts, et misent sur ceux des autres. Comme l’écrit l’économiste du climat Christian de Perthuis, ‘’chaque émetteur, pris individuellement, a la tentation de retarder au maximum son entrée dans un jeu coopératif pour bénéficier, en passager clandestin, des actions précoces engagées par les autres acteurs’’.
Autre exemple : l’encyclopédie en ligne Wikipédia, à qui j’ai ‘’emprunté’’ la définition du passager clandestin. Son existence procure un bénéfice à la collectivité, un enrichissement, mais combien sommes-nous à en profiter sans jamais contribuer à sa stabilité financière ?
Et bien voilà où nous en sommes avec ces dérogations que certains s’autorisent pendant le confinement, comptant sur les bonnes pratiques des autres (puisque l’arrêt de la propagation du virus est une nécessité qui profite à tous), mais sans produire les mêmes efforts. Un peu comme dans la Cigale et de la Fourmi.
Ce qui est déplaisant dans tout ça, ce n’est pas seulement le spectacle des récalcitrants, mais les réactions qu’il provoque lorsque nous les observons. Il nourrit une forme de ressentiment à l’égard de ceux qui ne jouent pas le jeu, ceux qui dansent dans la rue, ceux qui prennent l’apéro dans des arrière-cours d’immeubles, ceux qui ont quitté Paris pour se réfugier à la campagne.
Et ce qui vaut pour la période de confinement vaut aussi pour la façon dont chacun se positionne par rapport à la nécessaire transition écologique. Voilà qui augure bien mal du ‘monde d’après’…
Hervé Gardette







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