vendredi 2 mai 2008

Présentation

"Nous sommes tous les uns et les autres convaincus que la prise de conscience est en train de se faire. Dans le même temps où on a le sentiment que l’urgence environnementale s’accélère."

Ce sont les mots de Ruth Stégassy introduisant son émission Terre à Terre sur le thème du risque. Ils redonnent une nouvelle actualité, une nouvelle profondeur, à la parole du poète Holderlin d'il y a deux siècles : "Avec le danger grandit ce qui sauve".
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Dans le prolongement de l'émission, que l'on peut écouter ou bien imprimer (écoute et transcription à partir du menu de droite), j'engage une discussion sur le rapport entre conscience et danger, au vu de notre situation environnementale.

On trouvera ci dessous un résumé synthétique des enjeux de cette émission sur les catastrophes. Ainsi que dans le menu de droite une bibliographie qui me semble très riche des références faites par les deux intervenants.
Présentation de l'émission Terre à Terre sur les risques


L'émission du 5 avril 2008 porte sur les risques et leurs conséquences planétaires et locales - à l'occasion de la réedition du Dictionnaire des risques et avec ses deux invités : Yves Dupont, du laboratoire des risques, qui en est le coordinateur et Yves Cochet, député vert qui l'a préfacé. On y tente une explication de l’idéologie du progrès et de la croissance, qui correspond au productivisme. Une idéologie soutenue par les gens cyniques, opportunistes et peureux. C'est à dire tout ceux qui veulent continuer comme si de rien n’était, ne prenant pas en compte les conséquences pourtant attestée de la civilisation du pétrole sur l'environnement, pas plus que la disparition progressive de cette matière première. Yves Cochet parle à ce propos d'un déni de la réalité concernant des acteurs de la vie économique, industriels commerçants, spéculateurs. Mais pas seulement eux, puisque se pose dans un contexte sombre pour l’avenir de l’humanité, la question de la responsabilité individuelle, de la démocratie, de la capacité de résistance. Résistance aux O.G.M. que l'on veut imposer et qui servent de point de départ à la discussion dans l'émission, dans la mesure où ils sont en débat à L'Assemblée nationale. Mais aussi résistance aux biocarburants, à la voiture, à l'extension des aéroports, et sur bien d'autres points encore. On se demande sur quelle partie de l'organisation de la société il ne faudrait pas agir étant donné que celle-ci est entièrement tournée vers le productivisme. La puissance de ce déni est construite selon Yves Cochet par une autocensure à la fois individuelle et collective.

Yves Dupont s’attachant, comme il le dit, à ne pas penser seul, fait référence à de nombreux auteurs. Le réseau, le lien, le partage, la communauté des paroles, des actions et des pensées, sont à plusieurs reprises sollicitées par lui. Ainsi que par Yves Cochet, qui apporte une nouvelle dont beaucoup feignent de ne pas voir les conséquences : la société du pétrole étant finie nous sommes condamnés à changer de mode d’existence. Le mérite de l’émission est d’en donner plus de relief - et de vérité à ce décor que nous connaissions confusément en raison sans doute du déni dont parle Yves Cochet. Les références à des penseurs de cette situation sont nombreuses (références développées dans la bibliographie ci-dessous). Tandis que les réponses, dans la situation un peu catastrophique des temps présents, qu’appelle Ruth Stégassy, ne sont pas esquissées, par manque de temps ou du fait peut-être que personne ne peut prétendre en avoir la clef. Des réponses fragiles sont toutefois abordées dans le débat des intervenants avec le public au Phyto Bar, qui fait suite à l'émission.
Les deux intervenants et l’animatrice productrice de l’émission se rencontrent aussi sur ce point : certes le contexte environnemental et économique appelle le renouvellement des réponses techniques, mais les réponses sont avant tout, sociales, politiques au sens large, de la décision communautaire, des instances dirigeantes, ou bien non gouvernementales. Mais aussi du positionnement individuel de chacun. Les réponses à cette situation mondiale ne sont pas strictement techniques, le croire c’est encore se raccrocher à une idéologie du progrès dont nous voyons actuellement les effets. Les intervenants constatent l’apparition de l’idéologie dite « transhumaniste » - celle qui pense que les nanotechnologies peuvent effacer nos limites jusqu'à nous rendre par exemple immortels. Ils notent que ce courant, lié à la croyance de la toute puissance de la technologie est l'un des symptômes sociaux les plus voyants de cette idéologie du progrès et de la croissance. Une croyance qui empêcherait le sursaut dans un sens à la fois solidaire de la société (plus de liens), et à la fois respectueux de notre écosystème (pris en soin par la communauté entière).
Yves Dupont s’attache à défendre un retour au local, mais aussi à défendre le patrimoine de la langue. La notion de symbolisation et l’analyse du processus de dé-symbolisation de la société productiviste - sont chères à ses yeux ; mais encore de lutte contre l’effritement des relations humaines qui résonne étrangement avec l’effritement des terres, des sols, avec lequel il voit somme toute un rapport. On voit à l’oeuvre dans les propos des deux intervenants, l’alliance d’un retour aux valeurs traditionnelles qui ont fondé les sociétés avant le productivisme, et d’une nouvelle radicalité que le contexte appelle paradoxalement dans le sens d’un renouvellement des valeurs. Comme s’il fallait raccorder nos sociétés avec leur héritage pour en ouvrir l’avenir, (y compris l’héritage de la langue et de la pensée). Une radicalité et un héritage qui puisent aussi bien dans des valeurs progressistes, que les différents mouvements de contestation ont forgées en particulier depuis 50 ans. Des valeurs que de nouveau on interroge - par exemple avec l'anniversaire de mai 1968 mais pas seulement. Ces valeurs se retrouvent sur le devant, dans une nouvelle donne, celle qui devrait solliciter un engagement plus actif, plus personnel et plus collectif. Dans la contestation actuelle du productivisme elles se retrouvent toutes réactivées. Comme la montée en charge d'un mouvement critique et créatif au-delà du désir de révolution qui appartient au passé.

Cependant dans un contexte dangereux, nous restons en fin d’émission sur un sentiment d’incertitude vis-à-vis des actions, du mouvement, de la façon dont cela peut trouver des corrélations, des coactions. Nous sommes face à un inconnu dans un décor morose et peu rassurant (dans lequel tout d’un coup nous avons l’étrange sentiment d’avoir tout à réapprendre et à beaucoup réinventer pour vivre).
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