mardi 31 mars 2020

Le tamis de la crise : rassembler/diviser ou bien analyser ?

Notre réponse à la chronique Transition (voir plus bas) d'Hervé Gardette du 7 mai.



Opposer des initiatives aussi différentes qui ne visent pas les mêmes objectifs pardonnez-moi Herve Gardette est soit largement bête, ou bien ne va pas au bout de la critique, qui serait j'essaie de lire entre les lignes une aversion à Nicolas Hulot. Dont on ne dit rien dans votre chronique, or que je sache il y avait bien quelque chose qui ressemble aussi à un appel avec quelques personnalités dans ce même canard et dont cette chronique ne parle pas. Et si cela peut vous rassurer vous faites aussi partie du star-system. Enfin sur les deux cents personnalités nombreuses ont été celles qui se sont déjà associées à des coups de gueule avec des idées. Je trouve votre propos quelque peu offensant à l'égard d'Aurélien Barrau et Juliette Binoche. Et que je sache ni l'une ni l'autre ne sont à court d'idées, ni de propositions. Si la crise en son étymologie c'est ce qui passe au crible, là le tamis est grotesque d'opposer une initiative individuelle à une initiative largement collective et un media contre un autre. Quant à votre avis que cela ne servirait à rien, pas d'accord ! Toutes ces initiatives préparent à des Etats Généraux de la transition qui nous seront nécessaires, peut-être on ne sait jamais préalables à une constituante. Je pousse le pion juste un peu plus loin : si on fait la radiographie de l'émission La transition, combien y en a-t-il qui sont sur de la proposition en regard de celles qui sont sur de l'analyse et des constats nécessaires ? et quoique cela le sorte de son contexte voici la fin de l'article de l'entretien de Kempf avec Damasio dans Reporterre : ""Mais par contre, travailler intensément sur les liens entre ces îlots, l’entraide constante, la fertilisation croisée et les alliances, se dire qu’on a des façons différentes de construire nos mondes, mais une masse énorme de choses en commun : « Toi tu es anar, toi tu es communiste, toi tu es écolo, toi tu es terrestre, OK. Mais à 90 %, on partage la même conception de ce que devrait être une société bonne et à 99 %, on a le même ennemi : ce technocapitalisme qui nous tue. » J’aime l’idée qu’on puisse aller vers des sociétés conviviales, au sens d’Illich! Qu’on reprenne la main sur nos vies, nos espaces et nos outils."" Ceci dit merci pour la pub pour Lindon. Et merci pour votre chronique nostalgique en ceci qu'elle me donne du grain à moudre tous les jours. Et désolé de me servir de vous.

La chronique d'Hervé Gardette : 

Pour avoir déjà participé à la rédaction d’une tribune collective, je connais la difficulté d’un tel exercice : il faut trouver les formules qui conviennent au plus grand nombre de signataires possibles, sans pour autant en faire quelque chose de trop consensuel, sans quoi le résultat est fade. Equilibre délicat. On finit quand même par apposer sa signature au bas d’un texte avec lequel on est globalement d’accord, sans en partager tous les détails.
J’imagine donc que pour ratisser aussi large, les initiateurs de l’appel publié hier dans le journal Le Monde, intitulé ''Non à un retour à la normale'' ont dû en rabattre un peu sur leurs ambitions politiques et littéraires.  Mais quand même…
Le casting est flamboyant : aux côtés de la comédienne Juliette Binoche et de l’astrophysicien Aurélien Barrau, tous les deux à l’origine de ce texte, on trouve Madonna, Isabelle Adjani, Pedro Almodovar, Muhammad Yunus, Robert De Niro[GH1] , Thomas Ostermeier, Barbra Streisand, Philippe Descola, Paolo Conte… Franchement, réunir sur une même affiche autant de personnalités différentes, c’est remarquable. Les 200 signataires excellent dans leur domaine. Les voir mettre leur notoriété pour les uns, leur expertise pour les autres, au service d’une cause légitime, celle d’un changement en profondeur de nos modes de vie et de consommation, voilà une excellente initiative.
Le problème c’est que, un peu comme dans les grandes coproductions internationales, le contenu ne tient pas la promesse du générique. Extraits : ‘’nous appelons…solennellement les dirigeants et les citoyens à s’extraire de la logique intenable qui prévaut encore, pour travailler enfin à une refonte profonde des objectifs, des valeurs et des économies’’ ; ‘’la transformation radicale qui s’impose –à tous les niveaux- exige audace et courage. Elle n’aura pas lieu sans un engagement massif et déterminé’’. On croirait la profession de foi d’un candidat à la présidentielle tellement cela sonne creux.
A quoi bon réunir autant de talents si c’est pour défendre un texte qui, en usant de formules aussi générales, n’engage, au final, à rien ? Vous me direz que ‘’ça ne mange pas de pain’’, et c’est vrai. Mais est-ce que ça a la moindre utilité ?  Que retiendra-t-on d’une telle tribune à part le nom des signataires, et les éventuelles contradictions qu’il peut y avoir entre cette injonction à sortir du consumérisme et l’image publique que certaines de ces personnalités renvoient ?
Le hasard veut que, le même jour, hier donc, Mediapart publiait sur son site un autre appel d’une autre vedette du cinéma : Vincent Lindon. Le comédien, qui se présente lui-même comme ‘’spécialiste en rien, intéressé par tout’’ se livre, face caméra, à une analyse de l’état de la France, tel que le révèle l’épidémie de Covid19. Il y dénonce l’abandon des services publics, la hausse des inégalités, l’incurie du pouvoir et appelle lui aussi à changer de système. Et il assortit cet appel de propositions, comme par exemple la création d’une ‘’contribution exceptionnelle, baptisée Jean Valjean, financée par les patrimoines français de plus de 10 millions d’euros’’.
Il y a sans doute tout un tas de mauvaises idées dans ce que propose Vincent Lindon, mais du moins y en a-t-il, des idées. Le comédien, qui dit s’exprimer ici en tant que simple citoyen, a visiblement passé du temps à réfléchir sur le sujet avant de livrer son diagnostic, un diagnostic beaucoup plus contestable que celui de ses collègues mais beaucoup plus engagé. C’est ce qui s’appelle savoir se mouiller.
Autant la tribune du Monde est courte, quelques lignes seulement, autant le texte de Lindon est long. Mais vous l’aurez compris, si vous n’avez pas beaucoup de temps devant vous, je vous conseille plutôt de lire le second.

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